La conférence est également un succès de l’approche diplomatique française menée par le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius et son ambassadrice, la très compétente Laurence Tubiana. En effet, l’équipe française a eu l’intelligence de faire démarrer la Conférence COP 21, au niveau des chefs d’états et non au niveau ministériel comme il est d’usage ! Cette stratégie a aidé à s’assurer d’un Accord en évitant les interminables marchandages techniques et les pressions de dernière minute sur les chefs d’état. C’est aussi un succès auquel d’autres ont naturellement largement contribué : ONU, Etats-Unis, Chine, etc.
L’impact de l’Accord sur la manière dont, à l’avenir, les économies vont fonctionner reste à voir. Toutefois, sur le fond, l’Accord réduira de manière significative le rôle des marchés dans la fixation des prix des énergies fossiles, qui sont à la base des effets de serre. Il devrait donc affecter la façon dont les économies vont fonctionner dans l’avenir. Dans ce contexte, le rôle des gouvernements sera de faciliter la voie pour la mise en œuvre des politiques par les principaux acteurs nationaux: entreprises, Agences publiques et sociétés civiles.
Une importante leçon à tirer du succès de la COP 21 est que les Accords doivent être obtenus à la suite de négociations, mais pas imposés aux pays ou aux peuples. Une leçon importante pour tous et surtout pour les pays où les populations sont marginalisées, leurs légitimes intérêts et leur dignité souvent ignorés.
Un autre aspect important de la COP 21 portera sur les rapports futurs entre les gouvernements et les grandes sociétés pétrolières. En effet, il faut supposer que le prix de l’énergie va augmenter pour répondre aux exigences liées à la réduction ou au ralentissement des émissions de gaz. Ces exigences devraient conduire à des prix plus élevés de l’énergie en particulier pour les plus pauvres. Qui va couvrir cette augmentation?
Cette situation concernera précisément les populations du Sahel Sahara. Quelle énergie pour elles et à quel prix? Une énergie dont la taxation constitue la base des plus importantes recettes fiscales de nombreux gouvernements de la région.
Naturellement, le changement climatique a un impact réel sur l’insécurité alimentaire tout au long du littoral fragile et non protégé du Sahel et à travers ses terres arides et désertiques.
Les gouvernements du Sahel Sahara devraient élaborer des politiques qui aideront leurs pays à s’adapter au nouvel environnement afin de réduire leur vulnérabilité. Ils devront agir rapidement et, de façon décisive, pour éviter d’exposer leurs pays à une aggravation de l’insécurité alimentaire et ses conséquences désastreuses: exode rural, épidémies et renforcement des conditions propices à l’extrémisme violent.