Côte d’Ivoire, terrorisme au nord : entre stratégie civile et militaire quel dispositif adopter ?

Le terrorisme s’est imposé au Sahel, comme une composante de la géopolitique durant les deux dernières décennies. Le phénomène, par ses multiples stratégies (dissimulation, discours sectaire, hybridation), défie les paradigmes des États du champ et les initiatives internationales. Depuis plusieurs années, le phénomène définit son itinéraire et ne cache plus ses ambitions expansionnistes. La nouvelle carte, en mobilité constante au sud du Sahel, autorise une réinterprétation de la menace en Côte d’Ivoire, celle-ci passant, désormais, de l’exogène à l’endogène. De ce point de vue, comment s’opère la dynamique en cours ?

 

 

Sahel : sans le Président Deby.

Très souvent le danger surgit du coté où on l’attend le moins ! Au Sahel, la mort violente du président Deby en est une terrible illustration.  La disparition inopinée du président guerrier, Idriss Deby, a rebattu les cartes à travers la région. Aujourd’hui, avec deux transitions politiques en cours, Mali et Tchad, des enjeux politico militaires multipliés et un terrorisme qui renforce sa base et étend son front, le Sahel, plus que jamais se trouve à la croisée des chemins.

 

 

 

Terrorisme : La Côte d’Ivoire entre dissémination insidieuse et militarisation de la réponse.

Par Lassina Diarra, chercheur sur Islamisme et terrorisme en Afrique de l’ouest, centre4s.

Géographiquement et humainement, la Côte d’Ivoire est largement un continuum de l’espace sahélo-saharien. Cette position induit une part de vulnérabilité, surtout que le pays a subi, plus d’une fois, les assauts d’assaillants venus d’ailleurs (Grand-Bassam mars 2016, Kafolo juin 2020) révélant, ainsi, la nature et la configuration exogène de la menace terroriste dans le pays. Cependant, la déclaration du directeur de la DGSE française du 1er février 2021 relativise ce postulat. Ce dernier a affirmé que nombreux États côtiers dont la Côte d’Ivoire font face à un important processus de dissémination des groupes terroristes. Certes, la Côte d’Ivoire n’a pas encore atteint le degré ni l’intensité de l’omniprésence de la violence observée au Sahel, mais des actes et alertes concourent à justifier la crainte. La présente note a mobilisé la théorie de l’hégémonie culturelle selon Antonio Gramsci, la littérature sur l’Islam local comme cadre théorique pour analyser et cerner les velléités de glissement du champ de la piété à celui de la belligérance sociale, en Côte d’Ivoire, surtout dans un contexte de tensions politiques qui masque, ou rend moins sensible, la propension de convivialité sectaire de certaines personnes.