Sahel et Ukraine: les défis d’une région en transition.
La guerre qui se déroule en Ukraine, depuis le 24 février, est tragique par les pertes humaines et les massives destructions matérielles déjà engendrées. Elle est importante particulièrement par les enjeux opposant les états engagés. Des puissances économiques et militaires mondiales s’affrontant dans une Europe qui, depuis 1940, n’a pas connu de conflit armé de cette dimension. Le dernier, horrible, celui de l’ex Yougoslavie (aujourd’hui recomposée de plusieurs états souverains), ne comportait ni les mêmes enjeux stratégiques ni la même portée mondiale que celui actuellement en cours. Certes, il est loin d’être encore terminé et l’évaluation de ses divers couts humains et économiques et de ses impacts diplomatiques et militaires prendra encore plus de temps.
Qu’en est-il de ses conséquences actuelles et à venir pour le Sahel Sahara ? Comment, pour éviter plus de guerre, ou y mettre fin, gérer les énormes défis d’une région en transition quand des guerres de portée plus mondiale éclatent ailleurs? Qui pourrait alors donner conseils et leçons en faveur de la paix et de la stabilité au Sahel?

LE SAHEL “BRÛLE”-T-IL ?
La junte au pouvoir au Mali ne reconnaît pas la légimité des sanctions prises par la Cédéao et l’Uemoa. Bamako pourrait réorienter donc ses alliances et s’émanciper de ces institutions.
La visite, annoncée pour le lundi 20 décembre, du président Macron au colonel Assimi Goita président du Mali fut une énorme surprise. Son annulation, peu importe les raisons avancées, marquera sans doute un tournant dans les relations bilatérales entre Paris et les capitales d’Afrique de l’ouest. Les problèmes qui fâchent à Paris, y compris les soldats Wagner, sont nombreux et pire devenus passionnels. Si de ce malsain quiproquo autour de la visite avortée de Macron, Goita sort pour le moment confirmé, la crise du Sahel, au grand dam des populations civiles, n’en sera pas pour autant résolue.
Depuis dix ans, la crise du Sahel ne cesse de s’enraciner davantage et de s’étendre au-delà de la région. Devenue structurelle, elle est loin d’avoir atteint son pic, en particulier au Mali, son épicentre. Ses dégâts humains, matériels et politiques s’aggravent par la déstructuration continue des sociétés, des économies et des administrations pendant que les réseaux sociaux, ‘’complotistes’’ ou non, en font une aubaine pour des jeunesses rêvant de grandes aventures.