La Digue Mali va-t-elle céder ?
Depuis deux mois, un Iman, Mahmoud Dicko, à la tête du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), veut renverser le régime du président malien, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), pour mauvaise gouvernance. Les manifestations organisées par le M5-RFP drainent des foules, à Bamako, notamment. La menace d’effondrement, qui pèse sur IBK, a aussi des implications sur la sécurité intérieure et sous régionale, sans compter ses répercussions internationales. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a dépêché deux délégations de médiation dont une de haut niveau, composé des présidents ghanéen, ivoirien, nigérian, nigérien et sénégalais. L’objectif était d’obtenir une sortie de crise qui sauvegarde les institutions démocratiques : maintien du président IBK, nomination d’un Premier ministre de consensus, reprise des élections législatives partielles, dans les circonscriptions où les résultats sont contestés, et installation d’une nouvelle Cour constitutionnelle. Refus du M5-RFP.

Prévu ce 30 juin à Nouakchott, le sommet du G5 Sahel aura lieu, Covid 19 oblige, dans un contexte régional et international hors normes. Un contexte qui réclame sa tenue effective pour discuter d’un ennemi incapable de négocier, mais difficile à défaire. Et aussi de l’engorgement de défis aggravés par le Covid 19, la fragilisation des économies et l’indigénisation des groupes terroristes.
Interview Ahmedou ould Abdallah par Christine H. Gueye, Sputnik
Depuis près d’un quart de siècle, le Sahel fait partie des composantes stratégiques des doctrines politico-diplomatiques et miliaires des Etats et organisations internationales. En plus des facteurs aggravants traditionnels (immensité du périmètre, aridité du sol, conflits autour de ressources non-renouvelables, exacerbation tribale, gouvernance), la région germe de plus en plus les acteurs sociaux et politiques qui se structurent autour d’alliances de circonstances et ponctuelles au gré des intérêts.
Jusqu’alors, les spécialistes du continent africain percevaient, dans l’individualisme, un genre de vie lié à un stade de confort et d’instruction. En 2020, son intrusion massive et sans préavis au milieu de la sociabilité appelle un ajustement du champ de vision et la diète des préjugés ; l’éradication du Covid-19 laisse entrevoir un défoulement d’énergies dont il serait hasardeux de présumer le potentiel d’altruisme et de paix.