Sahel : Soudan une nouvelle insécurité généralisée.
Nous y voilà! Dorénavant, pour la communauté internationale, le Sahel offre de dangereux dividendes résultants d’une longue indifférence politique et d’une négligence ou passivité militaire. Depuis plus d’une décennie, la majeure partie du financement du terrorisme dans la région a été générée ou a transité par l’ouest et le nord-ouest du Soudan. Cela s’est fait dans un silence total résultant de l’irresponsabilité voire de la complicité. Par ailleurs, les trafics de drogues comme des migrants, des combattants comme des armes, étaient prospères aux frontières occidentales du Soudan, en particulier celles avec la Libye chaotique et la Centrafrique incertaine.

Depuis plus d’une décennie, l’exploitation aurifère, légale ou illégale et officielle ou informelle, connait une foudroyante expansion à travers tout le Sahel. Ses acteurs sont nombreux et vont des multinationales canadiennes et russes aux petits opérateurs informels locaux. Les revenus financiers et surtout les emplois créés, même très dangereux, sont considérables pour tous : sociétés privées, gouvernements et petits exploitants ainsi que leurs fournisseurs d’équipements, généralement du Moyen orient.
Les attaques terroristes contre le Burkina Faso, le Mali et le Niger se poursuivent de plus belle. Dans les trois pays, les événements violents ont augmenté de 36%, l’année écoulée, avec 2 737 graves incidents. Les deux premiers états font désormais confiance à leur coopération avec la Fédération de la Russie pour venir à bout du fléau. Ils ont accordé des concessions minières à Moscou, en guise de contrepartie partielle à l‘assistance militaire. Le rapprochement entre Ouagadougou et Bamako arrange les deux juntes, mais complique la lutte contre le terrorisme dans la sous-région, déjà mise à mal à la suite du départ du Mali du G5 Sahel. En revanche, le Niger continue sa coopération avec la France, dans ce difficile combat. Le sommet du G Sahel prévu la semaine prochaine à Ndjamena, sans le Mali, devrait être un bon indicateur du futur de cette organisation aux grands potentiels.
Tout juste dix ans après le sauvetage du gouvernement du Mali par l’opération militaire française Serval, devenue Barkhane quelques mois plus tard, la situation sécuritaire dans ce pays est structurellement plus fragile qu’en 2013. Au-delà du Mali, elle reste très sérieusement menacée à travers tout le Sahel et jusqu’aux pourtours du lac Tchad et des golfes du Benin et de Guinée. Pourquoi, malgré les immenses ressources humaines et matérielles, tant internationales qu’internes, mises en œuvre, cette détérioration sécuritaire continue ?
L’initiative d’Accra est née de la volonté de sept pays ouest-africains de mutualiser leurs moyens pour faire face aux menaces émergentes : Benin, Burkina Faso, Côte-d’Ivoire, Ghana, Mali, Niger et Togo. Le Nigeria s’y est associé, lors d’un sommet des chefs d’États et de gouvernement concernés qui s’est tenu dans la capitale ghanéenne, le 22 novembre dernier. Les pays membres veulent aller vite dans l’action. Pour être efficaces, ils ont besoin de remplir certaines conditions : forger une vision stratégique commune ; réunir, dans les plus brefs délais, les moyens de leurs ambitions ; s’ouvrir à d’autres pays de la sous-région ; et nouer des partenariats tous azimuts.