Communiqué 7 du Centre 4S*

Les 30 et 31 août 2012,  le Centre de réflexion sur les stratégies de sécurité du Sahel Sahara (Centre 4S), avec l’appui du Forum International de Réalités de Tunisie et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a réuni en conclave à Tunis un groupe de Sahéliens, de personnalités des pays voisins ou amis et d’organisations internationales pour examiner la crise multidimensionnelle dans la bande sahélo-saharienne, ainsi que le rôle des différents acteurs  dans cette crise dont le Mali n’est que l’aspect le plus visible.

Ces débats – durant lesquels tous ceux qui assument des fonctions officielles se sont exprimés à titre strictement personnel – se sont déroulés dans un climat de grande liberté. Ils ont permis une analyse percutante et franche de la situation afin de déboucher sur une série de propositions concrètes, portées à l’attention des institutions nationales compétentes et de la communauté internationale.

Il est à noter que les participants ont pu obtenir le retour d’expérience d’un certain nombre de personnalités de terrain (notamment trois anciens RSSG des Nations Unies, un ancien Premier ministre et d’anciens ministres) ainsi que des universitaires, des chercheurs et des journalistes participants à la conférence. Ces témoignages ont été précieux pour permettre l’esquisse d’une vision commune de ce qui pourrait constituer une dynamique favorable à une résolution de la crise sahélo-saharienne.

Considérant les résolutions et déclarations du Conseil de sécurité des Nations Unies sur le Mali, en particulier la résolution 2056 du 5 Juillet 2012, et suite à un débat fructueux, les participants ont formulé les recommandations suivantes :

1- Une redynamisation des concertations en cours ou à venir pour les rendre véritablement inclusives : c’est-à-dire que tous les acteurs devront avoir une place autour de la table, y compris la société civile et les opérateurs économiques, afin d’assurer une résolution consensuelle de la crise du Sahel Sahara. Cette nouvelle approche doit se nourrir des expériences passées qui ont fait leur preuve, tout en dépassant une vision limitative qui se cantonnerait au champ sécuritaire ou militaire.

2- Toute aide internationale, quelle que soit sa nature (logistique, financière, militaire ou de médiation), doit respecter un principe de traçabilité et de transparence, permettant aux acteurs de connaître l’usage des moyens mis à disposition.

3- Une politique commune relative aux moyens d’action pour tarir les sources de financement des mouvements terroristes actifs dans la zone doit émerger au plus vite, afin de trancher la question de la posture à adopter face au financement du terrorisme sahélien. Cette politique  doit notamment inclure une position ferme relative au non-paiement de rançons en échange de la libération de ressortissants étrangers, conformément aux résolutions de l’Union Africaine et des Nations Unies. Elle doit également traiter la question de la lutte à court et moyen terme contre les trafics de stupéfiants, qui représentent une autre source de financement considérable des groupes terroristes.

4 – Il est nécessaire de démarrer – au plus vite – un dialogue à trois niveaux :

· Tout d’abord concernant le territoire malien, il s’agit de déboucher sur la création d’une Haute Instance Nationale de Transition capable de restaurer la pleine crédibilité et l’autorité de l’Etat. Parce qu’inclusive, elle serait dotée de la légitimité nécessaire au rétablissement de la paix et de la stabilité du pays dans son ensemble.

· En second lieu, un espace régional ad-hoc et inclusif au niveau du Sahel Sahara qui regrouperait les pays concernés et intéressés, et qui pourrait servir de base à l’établissement d’un groupe de pays amis venant en appui aux efforts de médiation.

· En troisième lieu, une coopération sous régionale plus étoffée pour sécuriser l’intégrité territoriale des états concernés.

5- Un appui aux organes régionaux et sous régionaux de veille et de collecte d’information doit également être envisagé afin de renforcer leur indépendance et leur permettre, ainsi, d’apporter un éclairage plus pertinent et régulier sur la réalité du terrain.

Cliquez ici pour voir la liste des participants

Ahmedou ould Abdallah

Président du Centre 4S

(www.centre4S.org)

*Basé à Nouakchott, le Centre 4S a une vocation régionale puisqu’il couvre une bande allant de la Mauritanie en passant par la Guinée, au sud, et jusqu’au Tchad et au Soudan, à l’est, après avoir longé l’Atlantique et traversé la savane. Ses centres d’études sont la défense et la sécurité de la bande sahélo saharienne, la violence armée et le terrorisme, les rivalités pour le pétrole, le gaz et l’uranium, les migrations irrégulières dans et hors de l’Afrique, la contrebande de cigarettes, la drogue et les trafics humains, etc., l’environnement et les énergies renouvelables. Sa vocation est d’aider la région et ses partenaires internationaux – publics et privés, aussi bien que ceux de la société civile, les universités, les Forums et autres groupes – à davantage collaborer pour assurer la sécurité et la prospérité de la bande sahélo saharienne.

 

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