Le Sahel après les élections présidentielles du Mali


 

Face aux diplomates venus le rencontrer, le président élu, IBK,a parlé de ‘’ Mali d’abord’’ et de’’ Mali debout’’. Formules fortes et  mobilisatrices ! Il faudra cependant aller au-delà  pour répondre au plus vite à la volonté populaire massivement  exprimée en sa faveur. Volonté d’oublier  cauchemars et humiliations. Plus jamais ça disent les  maliens pensant à l’année 2012.

Le sursaut patriotique devra se concrétiser très rapidement car il n y aura pas de lune de miel dans un Mali encore traumatisé et  dans une région brutalisée. Et pas de lune de miel non plus avec une communauté internationale déjà exposée au Moyen Orient,où les enjeux stratégiques sont immenses.

Toutefois, les premièresmesuresannoncées par le président élu IBK invitent à l’optimisme.Réconciliation nationaleet,en premier lieu,retrouvailles entre les anciens  chefs d’état du pays  qui seront autour de lui à la veille de la fête de l’indépendance le 22 septembre. En particulier la présence sur la même tribune des ex dirigeants militaires : les généraux Moussa Traoré et Amadou Toumani Touré,devraitcrédibiliser la cohésion des forces armées et les préparer au respect du Droit Humanitaire International.Au-delà  des particularismes régionaux, et ethniques – expressions de pertes de repères et pas nécessairement d’extrémismes– ce geste  renforcera   la  capacité unificatrice des pouvoirs publics et en premier lieu celle du nouveau président.

Voici aussi une belle occasion en particulier pour le MNLA. Occasion de poser politiquement et de manière crédible ses revendications en reconfirmant son adhésion aux Accords de Ouagadougou. Les  états voisins du Mali doivent encourager cette évolution  du MNLA et aider ainsi la stabilité sous régionale.

Au Mali comme ailleursdans le Sahel, il n y a pas d’alternative  à l’union nationale pour faire face à des menaces graves. Elles  sont nombreuses et redoutables et les  institutions pour y faire face restent indigentes et souvent dominées par le népotisme. Politiquement, une simple majorité parlementaire ne peut,à elle seule, y faire face.

Sans tomber dans les dérives des partis uniques honnis,des majorités qualifiées sont indispensables pour protéger des effets contagieux des crises syriennes, égyptiennes, libyennes, tunisiennes et nigérianes qui menacent un Sahel très vulnérable. De fait la crise malienne n’est qu’un maillon  d’une longue chaine.

La question, qui hante le Sahel,reste posée : où iront les ‘’vaincus ‘’des crises syrienne et  égyptienne ?Un grand nombre deces activistes restera sans doute sur place mais de nombreux combattants rejoindront leurs frères algériens, libyens, mauritaniens et tunisiens déjà installés dans le Sahel. Ils s’y trouvent pour se protéger et surtout pourrester mobilisés en vuedes futures batailles.La crise du Maghreb et surtout celle d’Egypte sont de mauvaises nouvelles pour le Sahel

Leurs amis d’AQMI, du Mujao et de BokoHaram, certes déstabiliséspar l’intervention française Serval  ne sont pas totalement défaits et  n’ont pas tous disparus. Leurs cellules dormantes sont en veilleuse et les causes de leurs motivations n’ont pas disparues. Loin s’en faut ! Le coup d’état en Egypte risque de  les radicaliser davantage et justifier  plus que jamais le rejet des processus démocratiques.

L’élection malienne, une étape dans la bonne direction ? Sans nul doute.Mais il faudra plusqu’une élection pour sauver le Sahel.

D’abord mettre fin ou réduire  l’exclusion ethnique ou régionale, lutter plus sérieusement contre la corruption endémique et en second lieu inviter les services publics à se montrer plus sévères avec les trafics en particulier de drogue.

 

Enfin, la coopération interrégionale, sans exclusive, entre le Sahel et le Maghreb, dans les domaines de développement et de sécurité est une exigence devenue indispensable en particulier dans les zones frontalières.

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Basé à Nouakchott, le Centre 4S a une vocation régionale puisqu’il couvre une bande allant de la Mauritanie en passant par la Guinée, au sud, et jusqu’au Tchad et au Soudan, à l’est, après avoir longé l’Atlantique et traversé la savane. Ses centres d’études sont la défense et la sécurité de la bande sahélo saharienne, la violence armée et le terrorisme, les rivalités pour le pétrole, le gaz et l’uranium, les migrations irrégulières dans et hors de l’Afrique, la contrebande de cigarettes, la drogue et les trafics humains, etc., l’environnement et les énergies renouvelables. Sa vocation est d’aider la région et ses partenaires internationaux – publics et privés, aussi bien que ceux de la société civile, les universités, les Forums et autres groupes – à davantage collaborer pour assurer la sécurité et la prospérité de la bande sahélo sahélienne.

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