Sahel: la gestion de ses migrants

Paul Amara, consultant Centre des Stratégies pour la Sécurité du Sahel Sahara (Centre4s.org)

L’attrait de nombreux Sahariens pour l’Europe ne faiblit pas. Et ce, en dépit des dangers mortels liés aux voyages clandestins entre les deux continents. Les chiffres de 2024 sont éloquents. Le Maroc a fait avorter 78 685 tentatives d’émigrations irrégulières et plus de 30 000 migrants sahariens ont été expulsés d’Algérie vers le Niger. La police sénégalaise a interpellé 4 630 personnes pour des faits liés directement au trafic de migrants, par voie terrestre, aérienne ou maritime. Environ 16 500 Maliens ont réussi à joindre l’Europe, de manière irrégulière, faisant du Mali le principal pays d’origine des migrants en 2024.

Sahel: Gazoduc Afrique Atlantique, projet structurant.

Paul AMARA, Consultant, Centre4s

Le Gazoduc Afrique Atlantique (Nigéria – Maroc) a été initié par le Maroc, en décembre 2016, à l’occasion d’une visite du Roi Mohamed VI au Nigéria. Evalué à 25 milliards de dollars, ce méga projet reliera le Maroc au Nigéria par la façade Atlantique, traversant 13 pays avant d’atteindre l’Europe. Long d’environ 5600 – 6800 km, il assurera aussi la sécurité énergétique de ces pays côtiers et de l’Alliances des États Sahéliens (AES). A titre d’exemple l’un des pipelines les plus connus est le North – Stream 2 reliant la Russie à l’Allemagne sur 1234 km et large de 48 inches. A travers le monde il existe  3.859.000 km de pipelines transportant 5 billions de tonnes de gaz.

 

Sahel : toujours et encore des conflits

 Ahmedou Ould Abdallah Président centre4s

Le Sahel demeure fragilisé par le terrorisme, toujours et encore, depuis 2005! Dégradation de l’environnement oblige, il s’élargit et le terrorisme s’y répand, s’y enracine et s’y banalise. Ce contexte expose et fragilise davantage cet vaste espace composée de pays souvent peu structurés pour faire face aux multiples ambitions et menaces internes et externes d’acteurs plus organisés, plus déterminés et annonçant à tous d’attractives promesses ici-bas et au-delà. L’enracinement et l’extension continus de ce terrorisme – désormais une image de marque du Sahel – se renforcent par la sanglante guerre civile du Soudan, encore à ses débuts, l’impasse armée en Libye et la fuite en avant des états du Sahel eux-mêmes.

Le retour à une sorte de guerre froide reste un pari inutile face à tant de périls favorables à l’enracinement et l’extension du terrorisme. Le déficit des capacités d’anticipation, un des immenses défis, reste à lever.

Sahel : Résurgence de Boko Haram ?

Limam Nadawa, Consultant Centre4s.org

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 2024, le groupe terroriste nigérian, Boko Haram, a attaqué une garnison tchadienne, située sur l’île de Barkaram, département de Kaya, près de la frontière nigériane. Les terroristes ont pris le contrôle de la base militaire, saccagé divers équipements et récupéré des armes avant de se retirer. Ce drame amène à se demander si Boko Haram, supposé affaibli, a repris des forces. L’attaque de Barkaram montre aussi la difficulté du Tchad et de ses voisins à lutter ensemble contre l’hydre terroriste.

 

Sahel: déficits d’anticipation et de gestion des conflits

Ahmedou Ould Abdallah, président centre4s

Depuis 10 à 15 ans, la sécurité ne s’améliore guère au Sahel. Au contraire, elle s’y ancre et s’y aggrave. Alimentée par les destructions des infrastructures et la détresse des populations, les migrations  anarchiques vers les villes et, au-delà, vers l’extérieur, l’insécurité se perpétue. Pire, elle s’étend à l’ouest, à l’est et se répand vicieusement au sud vers les golfes du Benin et de Guinée.