Communiqué du Centre 4S*

Les 30 et 31 août prochains, le Think Tank Centre 4S* (www.centre4s.org), à l’occasion de  sa première année d’existence, invite à Tunis en conclave un groupe de Sahéliens, de personnalités des pays voisins ou amis et d’organisations internationales pour une discussion libre et franche. Celle-ci portera sur le rôle des acteurs extérieurs dans la crise du Sahel Sahara dont le Mali n’est que l’aspect le plus visible.

Risque d’un effet de contagion

Lapidations, mains coupées, flagellations en public, destructions spectaculaires de monuments historiques, attaques contre les lieux de cultes et les stations de police, le tout accompagné de vastes mouvements de populations dans et en  dehors des pays de la région : telle a été l’actualité visible du Sahel ces derniers temps.

Si le Mali constitue bien l’épicentre de la crise actuelle, la région dans son ensemble est exposée aux mêmes secousses telluriques qui l’ont affectée épisodiquement, dans toutes ou certaines de ses parties, au cours de la dernière décennie. Toutefois, plus la crise malienne dure et s’enracine, plus s’éloignent les possibilités d’un règlement rapide. Car d’autres foyers de violence latente couvent, déjà, loin des regards.

La fragilité de la plupart des pouvoirs et institutions en place, une sorte de lassitude des populations ainsi que leur misère matérielle et, surtout, le manque d’une coopération forte entre les plus grands états de la région pour faire face aux menaces communes exposent le Sahel à de futurs risques encore plus graves. Il n’y a pas de doute que la persistance des crises nourrit et engendre de nouvelles crises soit par effet de contagion, soit par effet d’imitation. Elle durcit également les crises existantes.

Renforcer la coopération régionale

Depuis le début du XXI siècle, la bande Sahélo saharienne est le lieu géographique de nombreux trafics et autres circuits criminels. De telles situations, comme en témoigne l’actualité dans des états aussi solides que le Mexique, ne peuvent rester sans conséquence sur le devenir de ces états et celui des populations.

L’absence de politiques communes entre les puissances de la région demeure un handicap majeur à la stabilité du Sahel. Celui-ci se trouve ainsi privé de la mutualisation de ses forces et de ses moyens afin de maintenir son indépendance et sa souveraineté. Si elle veut rester maîtresse de son destin, et non un objet de compassion ou un problème additionnel pour une communauté internationale déjà surchargée, la région n’a donc pas d’autre alternative que d’accroitre la coopération entre ses différents états membres.

Dans ce contexte, quelle est ou quelle doit être la place des acteurs extérieurs ? Outre leur expérience dans la gestion des crises, ils peuvent rassurer ceux qui se sentent faibles ou marginalisés. Perçus comme neutres ou, en tout état de cause, non parties prenantes dans les conflits locaux, ils seront à cet égard incontournables si la région ne se stabilise pas.

Les acteurs extérieurs sont, aussi, très souvent prêts a apporter les ressources que la région ne peut ou ne veut pas fournir pour la gestion de ses crises. Il reste cependant à savoir s’ils ont une position et une compréhension communes de celles-ci. Doivent-ils venir en appui des efforts régionaux ou bien, au contraire, risquent-ils de créer des interférences?

Ce sont de toutes ces questions que la quarantaine d’invités de premier plan venant d’horizons très divers vont débattre pendant deux jours à Tunis. Ces travaux donneront lieu, ensuite, à une publication.

Ahmedou Ould Abdallah

Président du Centre 4S

(www.centre4s.org)

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*Basé à Nouakchott, le Centre 4S a une vocation régionale puisqu’il couvre une bande allant de la Mauritanie en passant par la Guinée, au sud, et jusqu’au Tchad et au Soudan, à l’est, après avoir longé l’Atlantique et traversé la savane. Ses centres d’études sont la défense et la sécurité de la bande sahélo saharienne, la violence armée et le terrorisme, les rivalités pour le pétrole, le gaz et l’uranium, les migrations irrégulières dans et hors de l’Afrique, la contrebande de cigarettes, la drogue et les trafics humains, etc., l’environnement et les énergies renouvelables. Sa vocation est d’aider la région et ses partenaires internationaux – publics et privés, aussi bien que ceux de la société civile, les universités, les Forums et autres groupes – à davantage collaborer pour assurer la sécurité et la prospérité de la bande sahélo sahélienne.

 

 

 

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