A – Observations :
1. Au cours de ses 42 années, le régime du Colonel Kadhafi a été un acteur actif de l’instabilité de ses voisins du Sahel : Soudan, Tchad, Niger, Mali et Mauritanie pour ne citer que ces pays. La fin de ce régime doit être l’occasion, pour ces états, d’œuvrer ensemble en faveur de la paix et de politiques de bon voisinage
2. A court terme, la crise libyenne présente des défis redoutables à la région Sahel Sahara – fin des transferts salariaux, retour désorganisé d’immigrés, fin des aides de Tripoli et des dons privés, arrivée de combattants aguerris avec des armes plus dangereuses, accroissement des trafics bénéficiant du désordre ambiant. Cependant, la fin du régime de Kadhafi offre de grandes opportunités de réformes et de progrès démocratiques et économiques. Les ingérences de Tripoli dans les affaires nationales des voisins vont sans doute cesser ou pour le moins faiblir
3. Le terrorisme n’a pas de frontières donc la réponse à ce fléau doit être globale à travers tout le Sahel Sahara. De même, les divers trafics : drogues, cigarettes, armes, immigrés sont par nature transfrontaliers et pour y répondre, il faut des actions transversales similaires et cohérentes à travers la région.
4. Si une réponse uniquement pacifique ne peut suffire comme solution, la seule utilisation de la force ne peut mener à la paix. Pour faire face à la violence armée, il faudra agir simultanément sur plusieurs fronts et par plusieurs acteurs à la fois. Sur le plan intérieur, une gouvernance démocratique, respectueuse des diversités nationales est une exigence de la paix sociale.
5. Dans le Sahel Sahara, il existe souvent des connivences contraires et même opposées, aux intérêts des états nationaux. Il convient de s’assurer que les institutions étatiques ne servent pas à protéger, voire à promouvoir, ces activités illicites. Les complexités des relations entre les divers intérêts sécuritaires et commerciaux appellent à la vigilance des sociétés civiles et également de la coopération internationale, pour une plus grande transparence dans la gestion des aides extérieures.
6. Les états de la région doivent privilégier la coopération et l’action collective en faveur de la paix. La mise en valeur des ressources minières et énergétiques de la région ne peut s’effectuer dans un environnement dominé par l’insécurité et la compétition diplomatique.
B – Recommandations
7. Aider et encourager les nouvelles autorités libyennes du Conseil National de la Transition (CNT) à consolider leur nouveau régime afin de devenir un pole de stabilité régionale. Encourager également le CNT à entreprendre tout ce qui est possible pour intégrer dans de nouvelles structures les éléments des anciennes forces de Kadhafi, issus des voisins méridionaux de la Libye. Leur retour non organisé dans les pays d’origine constitue un facteur de grande instabilité.
8. Assister d’urgence, économiquement et dans le domaine sécuritaire, le Niger, pays confronté à de multiples difficultés essentiellement due à la crise libyenne. Cette assistance doit servir à conforter une démocratie encore fragile à surmonter les problèmes liés à la chute du régime de Kadhafi
9. Appuyer et assister de manière significative la reconstruction de la nouvelle Côte d’Ivoire afin que ce pays puisse se redresser rapidement et devenir, comme par le passé, le moteur de la relance économique du Sahel Sahara.
10. Encourager le gouvernement du Nigéria dans la poursuite du dialogue avec les milieux ayant une influence sur Boko Haram et si possible avec cette organisation elle-même afin d’éviter une aggravation de l’insécurité dans le Sahel Sahara.
11. Créer ou renforcer, là où ils existent les moyens de communications (radio, TV, presse écrite et site internet) afin de sensibiliser davantage les populations des régions concernées et les opinions publiques nationales, aux menaces qui pèsent sur la région. Le Centre 4S est invité à penser à l’établissement d’un réseau de journalistes pour concrétiser cette recommandation.
Centre 4 S
01/10/2011 10:05:39