Ahmedou Ould – Abdallah, Président Centre4s

Ci-dessous le résumé de ma présentation.

Très opportunément, le Forum de Bakou a cette année choisi comme sujet ‘’renforcer la résilience face aux défis mondiaux.’’ Les migrations, régulières ou illégales, concernent de nombreux Etats, voire tous : ceux d’origine, de transit et de destination des migrants. Aujourd’hui, ignorer les défis qui lui sont liés équivaudrait à un énorme défi légal.

 

 

Ces défis sont liés à la démographie, aux activités criminelles et à la corruption. Partout à travers le monde, les guerres civiles et les interventions militaires extérieures ont alimenté et continuent d’alimenter la peur, la pauvreté et les migrations massives. Une gouvernance irresponsable, fondée sur l’appartenance ethnique et une corruption impunie, est leur principal lubrifiant. Interne, continentale ou intercontinentale, la migration mérite d’être courageusement abordée.

De nombreux problèmes mondiaux – guerres civiles, dégradations de l’environnement et inégalités intérieures ainsi que pénurie de ressources – sont souvent liés aux migrations, comme victimes, conséquences ou causes.

Partout dans le monde – continents, régions et pays – la migration constitue plus que jamais un défi de taille. Une situation apparemment imparable et de surcroît concomitante à bien d’autres : l’insécurité, le changement climatique et la dégradation de l’environnement, la démographie, les guerres civiles et les interventions militaires extérieures. Ce sont donc les sources des migrations, plus que les migrations elles-mêmes, qui appellent à des solutions.

Ce problème est aggravé par de multiples facteurs supplémentaires affectant les pays d’origine des migrants, de transit et de destination. À cela s’ajoute l’insécurité pour tous, y compris les migrants eux-mêmes : au départ, sur le chemin de leur destination et même une fois sur place.

La question est de savoir quelles sont les causes de ces flux migratoires persistants à travers le monde? La première, liée à la forte croissance démographique notamment dans les pays de départ est avérée. La seconde concerne le déficit démographique des pays de destination qui attirent une main-d’œuvre sous-payée mais nécessaire. De plus, les interventions militaires extérieures et l’anarchie qui en résulte accroissent la fragilité des populations et les luttes intestines interethniques. Finalement, celles-ci conduisent à l’insécurité généralisée et à des migrations régionales puis intercontinentales. La dégradation de l’environnement, liée ou non aux guerres et au climat, les pénuries d’eau et de nourriture sont des facteurs supplémentaires qui augmentent les populations de réfugiées.

A travers le monde, le nombre de réfugiés et de personnes – déplacées internes – est estimé à plus de 100 millions en 2022. Il continue d’augmenter.

Bien qu’ils soient confrontés à moins de réfugiés et de personnes déplacées que de nombreux autres pays, les Européens et les Américains sentent leur sécurité et leur homogénéité intérieures

menacées par un flux toujours croissant de migrants. Dans le même temps, peu d’attention est accordée à leurs déficits démographiques et donc à la demande plus élevée de services domestiques personnels.

Face à ces immenses problèmes et à plusieurs niveaux sensibles, les dirigeants du monde devraient s’attaquer sérieusement à la migration, un défi international souvent inutilement politisé.