Objectif du Centre Stratégique pour la Sécurité du Sahel Sahara

Dans cette note, la région du Sahel et Sahara est définie comme suit. Il y a d’abord, le noyau central du Sahara qui est ce vaste espace couvert par les frontières communes de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger.

En second lieu, le Sahel est une bande territoriale s’étendant, d’ouest en est à travers la savane africaine, de la Mauritanie à la Guinée – Conakry le long de la côte atlantique vers le Tchad et le Soudan.

Plusieurs pays africains se trouvent ainsi concernés et intéressés par les problèmes qui se posent au Sahel Sahara *. Au cœur de la région, les conditions de vie demeurent dures, les possibilités de travail rares et bien que les frontières soient ouvertes, le commerce et les rencontres entre mêmes communautés, de part et d’autre des frontières nationales, restent encore difficiles et coûteux en dépit d’améliorations.

 

Au cours des années 1990, la région a vécu, au niveau politique, une période turbulente et parfois même violente. Depuis le début des années 2000, l’émergence du terrorisme international et du trafic de drogue, au sein même de la région a aggravé la situation sécuritaire. Les migrations irrégulières à partir de et à travers la région, vers l’Europe ainsi que la criminalisation rampante des économies, constituent autant de préoccupations additionnelles pour les gouvernements. En réalité, du fait de l’immensité des espaces physiques, naturellement sous administrés, et aussi du fait de la rareté des opportunités économiques, les conditions de sécurité ne s’amélioreront pas de sitôt au Sahel. Enfin de compte, il est illusoire de penser qu’une insécurité généralisée restera confinée à l’intérieur des frontières de la région. Ceci nécessite que cette question soit traitée avec le sérieux qu’elle mérite et d’une manière intégrée sur plusieurs fronts, afin d’éviter son enracinement durable à l’intérieur des états et de pallier aux graves risques de contagion. Il est certain que les conséquences d’une insécurité banalisée peuvent atteindre les pays les plus lointains. Pire, elles ne peuvent pas ne pas affecter les gains politiques acquis au cours de ces dernières années et différer le développement tant attendu des immenses ressources naturelles du Sahel Sahara.

Au delà des menaces et des risques sérieux, largement médiatisés par les récentes prises d’otages, le Sahel Sahara regorge de richesses qui attisent les convoitises. Ses vastes réserves minières stratégiques – gaz, pétrole et uranium mais aussi or, bauxite et phosphates en font une destination fort prisée des investisseurs internationaux. La compétition entre les grandes sociétés minières de la région elle-même, ou originaire de ses anciens et nouveaux partenaires, y est intense. Une ruée vers le pétrole, le gaz et l’uranium de cette «frontière énergétique» est déclenchée. Cependant, certains observateurs pensent que l’insécurité risque de servir comme épouvantail afin d’arracher de meilleures conditions contractuelles aux états les plus vulnérables voire de retarder l’exploitation effective de leurs ressources d’énergie tout en effrayant des concurrents peu informés. Sur un autre plan, les progrès dans le domaine de la recherche et les appels à la protection de l’environnement aidant, l’énergie solaire, sans doute le principal produit de la région, deviendra encore plus attirante.

Si la situation actuelle reste telle quelle, c’est-à-dire confinée à des approches et solutions ad hoc, ou à des appels aux interventions extérieures, elle ne peut déboucher que sur plus de violence et l’affaiblissement progressif des institutions nationales de sécurité et de leur collaboration. La présence sur un terrain aussi vaste d’activités criminellestrafic de drogues, de cigarettes, d’êtres humains, et d’extrémistes armés a été nocive en Afghanistan et en Amérique Latine. Au Sahel Sahara, ce mélange explosif aura au moins des effets similaires sinon des conséquences plus dévastatrices. Sur un autre plan, l’accès et l’usage accrus des nouvelles technologies de l’information, de même que les suites encore incertaines du «arabe» de 2011, ne manqueront pas d’avoir des conséquences considérables au Sahel Sahara.

Il est important et urgent d’aborder ces multiples problèmes de manière intégrée. Les questions sécuritaires, économiques, politiques et diplomatiques de la région ne peuvent être séparées, mais doivent au contraire être traitées simultanément et globalement. Afin d’harmoniser sa stratégie en matière de sécurité, la région a établi, en Juillet 2009, un Comité Militaire Joint (CMJ), basé à Tamanrasset en Algérie. Cette initiative, venant des pays les plus concernés est louable et mérite un soutien franc des partenaires internationaux, y compris le secteur privé, pour appuyer leurs efforts en faveur d’une paix durable dans la région. C’est dans ce contexte général que le Centre 4 S a été crée.

Les Objectifs de Centre 4 S

Le but du Centre 4 S est d’étudier, analyser et proposer des mesures concrètes afin de faire face aux problèmes évoqués plus haut et qui sont d’intérêt stratégique pour les états du Sahel Sahara et leurs partenaires. La principale valeur ajoutée du Centre 4 S est d’apporter une approche pragmatique à des problèmes réels qui affectent la vie des populations et l’avenir des états de la région. Son ambition est d’être un partenaire de choix des gouvernements et des autres institutions concernés et intéressés par situation présente et l’évolution future du Sahel Sahara. Son but ultime est d’aider la région à entreprendre des initiatives transformant les défis sécuritaires et de développement en opportunités pour le progrès et le bien être des populations.

Le Centre œuvrera afin que cette région demeure un acteur de son devenir et non un sujet de préoccupation ou une nouvelle source d’instabilité pour la communauté internationale. juin 2011

 * Les pays couverts par le Centre sont les suivants: Algérie, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Gambie, Guinée Bissau, Guinée Conakry, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, Sénégal, Tchad.
Les pays suivants sont concernés : Benin, Cote d’Ivoire, Ghana, Lybie, Maroc, Togo, Tunisie.

 

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