Sahel Mali: les nouvelles complexités

Les surenchères excessives des parties maliennes, les dérives anarchiques en Libye, les violents attentats contre le Niger et les tensions dans et aux frontières de plusieurs états sahéliens ouvrent un dangereux nouveau chapitre dans la crise du Sahel.

Admettre la  gravité de la crise

La peur et la suspicion s’installent dans la région et en particulier les capitales.

Une fois de plus, la crise malienne est régionale avec un ou plusieurs foyers couvant dans chaque pays.

En effet, les sociétés sahéliennes restent profondément divisées du fait essentiellement de la faiblesse des gouvernances nationales en particulier la retribalisation des états. Lentement, mais inéxorablement, la déconstruction des états y progresse comme moyen d’auto- défense ou de pression pour l’acces aux ressources nationales.

Tant que la corruption endémique est impunie, ce risque continuera d’exister et avec lui l’éclatement de rébellions cycliques. En corollaire, les interventions extérieures des pays occidentaux seront plus fréquentes et les représailles, chez eux, seront sans doute aussi plus régulières.

Le moment est opportun pour consolider les fronts intérieurs et gérer les différends entre états à travers plus de coopération inter régionale. Le leitmotiv doit être d’appeler les deux organisations les plus concernées, la CEDEAO et le Maghreb, à mutualiser leurs efforts.

Agir simultanément sur plusieurs fronts

La résolution de la crise malienne demeure prioritaire. Les élites maliennes ne peuvent ignorer que le status quo, avantageux pour certains, reste intolérable pour les populations, les états de la région et la communauté internationale qui ont tant investi pour sauver l’unité de leur pays.

Le Mali doit être accompagné dans la mise en œuvre du futur Accord de Ouagadougou. Approuvé par la médiation de la CEDEAO, l’ONU et  l’UA, cet Accord doit être défendu par le Gouvernement Transitoire et soumis aux principaux candidats à l’élection présidentielle et à l’élite militaire pour en prendre acte.

Une tache certes sensible en période électorale et à un moment où les élites politiques et militaires du pays, du Sud comme du Nord, semblent ‘’ n’avoir rien appris et n’avoir rien oublié ‘’. Beaucoup prefèrent les benéfices liés au status quo.

Paris, sans qui l’anarchie aurait sans doute régné au Mali, a l’obligation d’appuyer publiquement la médiation s’il ne veut pas s’enliser. Une perspective qui ne plait pas qu’aux seuls terroristes! A ce stade, un échec signifiera plus de divisions internes et de risques pour l’unité du Mali dont les exclus iront en partie dans l’ombre, ou grossir les rangs des radicaux, des trafiquants et des idéalistes des Diasporas. Paris en sera blamé, pas les maliens!

En tout état de cause, un Accord à Ouagadougou ne sera que le premier pas d’un processus long et tortueux. Mais il permettra au Mali de maintenir son intégrité territoriale et d’entamer le processus de sortir, enfin, de plusieurs décennies de crises répétitives.

Il facilitera aussi la coopération, sans exclusive, entre les deux rives du Sahara, coopération sans laquelle ces deux vases communicants alimenteront longtemps encore l’extrémisme armé d’une rive du Sahara à l’autre.

Prochaine étape

A court terme, une autre action doit être entreprise: l’appui à la Commission Dialogue et Réconciliation – CDR –  pour canaliser les énergies et les ressources des maliens et de leurs partenaires extérieurs. L’Organisation Internationale de la Francophonie qui vient de tenir un séminaire les 6 et 7 juin à Bamako en appui à la CDR, l’Union Européenne et d’autres sont sur cette bonne voie.

Si elle perd l’initiative, la Communauté internationale se discréditera et pire elle prolongera la tragédie malienne.

 

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Basé à Nouakchott, le Centre 4S a une vocation régionale puisqu’il couvre une bande allant de la Mauritanie en passant par la Guinée, au sud, et jusqu’au Tchad et au Soudan, à l’est, après avoir longé l’Atlantique et traversé la savane. Ses centres d’études sont la défense et la sécurité de la bande sahélo saharienne, la violence armée et le terrorisme, les rivalités pour le pétrole, le gaz et l’uranium, les migrations irrégulières dans et hors de l’Afrique, la contrebande de cigarettes, la drogue et les trafics humains, etc., l’environnement et les énergies renouvelables. Sa vocation est d’aider la région et ses partenaires internationaux – publics et privés, aussi bien que ceux de la société civile, les universités, les Forums et autres groupes – à davantage collaborer pour assurer la sécurité et la prospérité de la bande sahélo sahélienne.

 

 

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