Responsabilités maliennes
La communauté internationale a tout fait pour rassurer les maliens. Aujourd’hui, il appartient aux élites politiques et militaires du Mali de rassurer leurs populations mais aussi leurs amis extérieurs. Comment? En internalisant une évidence: rien ne sera plus comment avant janvier 2013. Le pays a été libéré uniquement grâce à une intervention extérieure.
Comme en Europe en 1944, au Koweït en 1991, et le Sierra Léone en 2000, une action extérieure a mis fin à l’occupation étrangère. Il ne s’agit point de s’en offusquer mais de dépasser cette situation.
Le réalisme et la modestie des élites maliennes, y compris ceux de la diaspora, doivent aider à plus d’humilité pour un redressement national rapide.
Harmoniser les efforts extérieurs.
Dans ce but, le Centre pour les Stratégies la Sécurité au Sahel Sahara – Centre4s – recommande la mise en œuvre rapide d’une action cohérente pour consolider les derniers acquis réalisés en faveur du Mali et éviter ainsi l’éparpillement des efforts et des bonnes volontés.
En effet et curieusement, la plus grande menace au retour à la stabilité d’un pays en situation post conflit est liée non aux combats militaires eux-mêmes mais aux incompréhensions voire aux compétitions entre les différents acteurs extérieurs venus précisément pour aider.
Sans nécessairement le vouloir, la multiplicité de ces acteurs fragilisent davantage une situation par définition déjà fragile. Chaque pays arrive sur le terrain avec ses sensibilités, ses priorités et ses amitiés internes et vise à faire aboutir son plan de règlement de la crise.
Dans un tel contexte de confusion politique, diplomatique et humanitaire, les forces rebelles reprendront du poil de la bête et les chefs de guerres et autres profiteurs des conflits y trouveront leur terrain de prédilection.
Que faire ?
Le Centre 4s propose la tenue, sans délais et donc avant des dérapages prévisibles, d’une réunion des principaux acteurs extérieurs impliqués dans la crise Malienne. Pour que les discussions soient franches et libres, elle se fera, dans un premier temps, sans les maliens.
La réunion doit éviter d’être une conférence de plus. Pour plus d’efficacité, l’idéal serait de limiter le nombre des participants aux principaux acteurs extérieurs institutionnels impliqués dans la gestion de la crise. Doivent s’y ajouter deux ou trois pays frontaliers du Mali.
Les participants devraient être les Représentants Spéciaux du Secrétaire General des Nations Unies, ceux de l’Union Africaine, de la CDEAO et de l’Union Européenne et de l’organisation humanitaire OCHA. L’Algérie, le Niger, un autre pays Maghrébin pour montrer le lien Sahel Maghreb, un membre permanent du Conseil de Sécurité et un pays européen neutre devraient y prendre part.
Pour s’assurer efficacité et expérience, la réunion devrait se tenir au Burkina Faso qui la coprésidera avec le RSSG des Nations Unies.
Enfin, les conclusions de cette rencontre devront être discutées avec et acceptées par les autorités maliennes actuelles, le représentant des rebelles et les principaux candidats à la future élection présidentielle.
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Basé à Nouakchott, le Centre 4S a une vocation régionale puisqu’il couvre une bande allant de la Mauritanie en passant par la Guinée, au sud, et jusqu’au Tchad et au Soudan, à l’est, après avoir longé l’Atlantique et traversé la savane. Ses centres d’études sont la défense et la sécurité de la bande sahélo saharienne, la violence armée et le terrorisme, les rivalités pour le pétrole, le gaz et l’uranium, les migrations irrégulières dans et hors de l’Afrique, la contrebande de cigarettes, la drogue et les trafics humains, etc., l’environnement et les énergies renouvelables. Sa vocation est d’aider la région et ses partenaires internationaux – publics et privés, aussi bien que ceux de la société civile, les universités, les Forums et autres groupes – à davantage collaborer pour assurer la sécurité et la prospérité de la bande sahélo sahélienne.