Briefing d’Ahmedou ould Abdallah, Président du Centre 4S 11 Juillet, 2012 à Nouakchott (Mauritanie)


La nature de la menace dans la région.

Déstabilisation continue du pays : occupation et enracinement des radicaux au nord Mali avec des revers et  un affaiblissement du MNLA. Sa disparition comporte le risque de nouveaux conflits d’ici à 5 ou 10 ans. Toujours au nord, les populations sonrhaïs, arabes et peuhls ne soutiennent pas le séparatisme du MNLA.

Divisions  au sein de la classe politique et dans les institutions de sécurité (bérets verts contre bérets rouges qui sont dissous)  à Bamako. Le refus, plus ou moins déclaré, de toute action de la CEDEAO dans les affaires intérieures maliennes semble rassembler de plus en plus de voix à Bamako.

De plus l’intervention militaire extérieure, largement rejetée par la partie la plus vocale des maliens, semble gagner du terrain à l’intérieur et à l’extérieur.

Dans les zones occupées par les radicaux, il y a une cohérence dans les pratiques : nettoyage des villes de leurs notables et autres élites qui peuvent se rebeller ou critiquer; attribution symbolique des lieux les plus connus a des fins éducatives : hôtels de Tombouctou affectés à l’éducation des enfant ; formation militaire pour les jeunes retirés des écoles a cette fin; arrivée des volontaires et des épouses jusque là dans les pays voisins, destruction des lieux saints.

Le mode opératoire des principales organisations radicales reste cohérent : division du travail entre elles, efforts de communications par des actions outrancières pour choquer et terroriser les élites, vider les villes et faire appel aux volontaires extérieurs. Ceux-ci rentrent par des filières bien rodées et souvent par voie terrestre.

Initiatives régionales

Le rôle et la légitimité de la CEDEAO ne sont pas remis en cause par les Etats membres ou par la communauté internationale. Au Mali,  certains milieux proches du régime du général Moussa Traoré d’avant 1991, et assez influents, veulent un rôle à minima pour la CEDEAO. Traumatisée et menacée, l’élite politique est ou silencieuse ou hors pays ou alliée la Junte.

La CEDEAO doit rester saisie du dossier et continuer  à  adapter sa méthode et son approche à un environnement sans cesse  changeant. Le soutien de l’UA et celui des Nations Unies resteront nécessaires.

Les autres pays voisins du Mali ont un rôle déterminant à jouer compte tenu du de leur  connaissance du problème et de la proximité historique, géographique et culturelle  avec  le Nord Mali. La réunion des MAE du Maghreb qui vient de se tenir à Alger (9-11 juillet) est très encourageante dans le contexte actuel. Un front commun de ces pays incluant, en particulier, l’Algérie et le Maroc reste  un élément essentiel au succès au Sahel.

Cependant,  ils doivent agir assez vite, avant la fin du mois de Ramadan et la rentrée politique pour concrétiser leur influence diplomatique. Pour eux, comme pour la CEDEAO, le prochain sommet de l’UA et les décisions qui seront prises concernant le Mali constitue une étape significative.

Les partenaires extérieurs

Pour le moment,  ces partenaires extérieurs,  y compris le Qatar,  apportent toute l’assistance humanitaire et autre indispensable à la survie des refugiés et des déplacés. Par là, la communauté internationale contribue à la stabilisation des pays d’accueil et retarde les effets de contagion de la crise.

Exception faite des  débats au Conseil de Sécurité, la communauté internationale est restée dans une position d’observation donnant la priorité à la région. Mais la question est pour combien de temps ? Ceux qui fournissent assistance et soutien poseront sans doute des questions et demanderont à jouer un plus grand rôle.

Surtout à la rentrée, en septembre,  si un progrès significatif  n’a été pas réalisé sur le terrain, on risque un enracinement de la crise et l’aggravation des réalités des risques et menaces.

Conclusion

Les 45 jours qui viennent seront déterminants pour la gestion de la crise malienne. La région entre en période de Ramadan. Pour leur part, les partenaires extérieurs partent en vacance d’été. Les activistes sont mission et cherchent à ancrer davantage leur emprise sur le terrain et surtout dans  les villes et auprès des populations. Les en déloger sera très difficile et, en tout cas, coûteux. Pendant ce temps, le commerce né de la drogue prospère à l’abri des batailles entre les parties maliennes.

 

Basé à Nouakchott, le Centre 4S a une vocation régionale puisqu’il couvre une bande allant de la Mauritanie en passant par la Guinée, au sud, et jusqu’au Tchad et au Soudan, à l’est, après avoir longé l’Atlantique et traversé la savane. Ses centres d’interets sont la défense et la sécurité de la bande sahélo saharienne, la violence armée et le terrorisme, les rivalités pour le pétrole, le gaz et l’uranium, les migrations irrégulières dans et hors de l’Afrique, la contrebande de cigarettes, la drogue et les trafics humains, etc, l’environnement et les énergies renouvelables. Sa vocation est d’aider la région et ses partenaires internationaux publics et privés, aussi bien que ceux de la société civile, les universités, les Forums et autres groupes – à davantage collaborer pour assurer la sécurité et la prospérité de la bande sahélo sahélienne.

Pour plus d’information www.Centre4S.org

 

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