Pendant deux jours, plus d’une cinquantaine d’experts, ministres, fonctionnaires internationaux et journalistes ont abordé, sans tabou ni gène, les différents aspects de la question et ont dégagé des pistes susceptibles, à leurs yeux, d’endiguer les fléaux qui menacent dangereusement les pays de cette zone.

C’est la seconde fois que le centre 4S organise une rencontre sur la situation sécuritaire explosive dans la région sahélo-saharienne. L’année dernière, le centre, qui venait de voir le jour, avait convoqué dans la foulée de la guerre en Libye une rencontre d’une journée dans la capitale sénégalaise, Dakar, afin d’attirer l’attention sur le chaos que pourrait provoquer l’affaire libyenne dans la région.

A l’époque, on craignait beaucoup pour le Niger, frontalier de la Libye et qui venait tout juste d’élire ses institutions démocratiques après une période de transition militaire. Finalement le Niger s’en est assez bien sorti, mais la bombe attendue a explosé chez le voisin malien. Et depuis, toute la région est entrée dans une nouvelle phase d’incertitude marquée par la partition du Mali et par une menace de débordement aux autres Etats voisins.

Cette situation gravissime a été au cœur d’un conclave, organisé les 30 et 31 août à l’hôtel Alhambra Thalasso à Hammamet, la banlieue touristique de la capitale tunisienne, Tunis. A l’initiative du Centre de réflexion sur les stratégies de sécurité du Sahel Sahara (Centre 4S), avec l’appui du Forum International de Réalités de Tunisie et l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), des professeurs, chercheurs, officiels, journalistes, fonctionnaires internationaux ont passé au crible pendant les deux jours la situation complexe de la région. A part l’Algérie qui a royalement ignoré l’invitation qui lui a été adressée par les organisateurs, tous les pays de la zone et leurs partenaires étrangers ont pris part, d’une manière ou d’une autre, à la cette réunion. Les débats étaient francs et toutes les questions ont été débattues en long et en large.

Au terme de cette réunion, les participants avaient certain nombre d’axes sur lesquels doivent s’articuler toutes les réflexions et interventions en vue de faire face à cette situation de crise dont le Mali n’est que la face visible.

Parmi ses recommandations, on note le nécessité d’inclure tous les acteurs : les Etats de la région, leurs partenaires et leurs sociétés civiles et opérateurs économiques à toute solution ou discussion en vue de la résolution de la crise malienne et au-delà celles qui menacent les autres pays de la bande sahélienne et qui se résument essentiellement au développement des bandes armées et terroristes, du trafic de la drogue, d’absence de l’Etat et de toute perspective de développement économique…

Autre point, les participants ont réclamé aux partenaires étrangers de veiller à la transparence et à la traçabilité de toutes les aides qu’elles envisageraient d’apporter à la région. Tout comme, ils ont demandé de cesser de payer les rançons afin de tarir les sources de financement du terrorisme.

En ce qui concerne le cas du Mali, le conclave de Tunis propose la création d’une haute autorité de transition crédible et apte à restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire. En plus de cela, on réclame la mise sur pieds d’une structure régionale ad-hoc qui inclut tous les pays concernés ou intéressés. Enfin, les participants ont appelé à la nécessité davantage de coopération en matière de sécurité entre les Etats.

Notons que le centre 4S envisageait au départ d’organiser cette grande conférence à Nouakchott, même si cela lui aurait coûté deux fois plus chère qu’en Tunisie. Mais il n’a pas eu de répondant au niveau officiel. Peut-être qu’il n’avait pas tapé à la bonne porte… Surtout que la présidence a envoyé un émissaire officiel assister à cette conférence de Tunis. Espérons qu’à l’avenir… le tir sera corrigé du côté du pouvoir qui a, au moins, raté l’occasion de profiter de l’organisation d’un tel conclave, important de par son sujet et ses participants